Les réactions adverses aux aliments : classification

Les symptômes liés aux allergies sont variables et peuvent toucher différentes parties du corps :

Les symptômes cutanéo-muqueux

La conjonctivite

Elle accompagne souvent la rhinite. La conjonctivite se subdivise en différents sous-groupes :

conjonctivite

On peut également parler de conjonctivite allergique intermittente et conjonctivite allergique persistante, comme pour la rhinite (voir § relatif à la rhinite). Le plus souvent, la rhinite s‘associe à une conjonctivite, on parle alors de rhino-conjonctivite.

 

Les maladies de la peau

Les principales manifestations cutanées provoquées par les allergies sont : l’urticaire, l’angio-œdème, l’eczéma/dermatite de contact, l’eczéma/dermatite atopique et les éruptions exanthémateuses.

Certains auteurs préfèrent parler de dermatite dans les cas les plus aigus et d’eczéma dans les formes plus chroniques.

La dermatite atopique est une inflammation cutanée chronique. Elle est caractérisée par du prurit localisé aux plis de flexion des membres, quelquefois à la face, au tronc et aux mains.1

L’urticaire est une réaction cutanée constituée de papules œdémateuses palpables, identiques aux lésions créées par le contact des orties.

L’œdème angioneurotique (ou angio-œdème ou œdème de Quincke) est une forme particulière d’urticaire. C’est un œdème (gonflement) profond des tissus sous-cutanés ou sous-muqueux, avec une peau d’apparence souvent normale, accompagné d’une sensation de picotements ou de brûlure plutôt que de véritable prurit. On peut retrouver ce gonflement sur le visage (lèvres, paupières), mais aussi au niveau des régions génitales, aux extrémités ou au niveau des grosses articulations. L’œdème de Quincke peut atteindre les muqueuses de la bouche, du larynx ou des voies digestives (apparition de maux de ventre, nausées, vomissements ou diarrhées). Quand apparaît un œdème laryngé, une asphyxie brutale est possible. Heureusement, ce type d’atteinte est rare !

Les symptômes respiratoires

La rhinite

Il s’agit des symptômes résultant d’une réaction immunologique due à une hypersensibilité dans le nez. Elle se subdivise en différents sous-groupes repris dans le schéma ci-dessous :

rhinite

L’OMS recommande que les anciens termes « saisonnière » et « pérenne » devraient être remplacés par « rhinite allergique intermittente » et « rhinite allergique persistante ». Cependant, dans les cas de rhinite allergique induite par le pollen, l’expression « rhinite allergique saisonnière » reste valable.

L’asthme

Marchac reprend une définition de l’asthme qui, selon elle, vise l’aspect physiopathologique : « c’est une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes dans laquelle de nombreuses cellules jouent un rôle, notamment les mastocytes, les éosinophiles et les lymphocytes T. chez les sujets prédisposés, cette inflammation entraîne des symptômes récidivants de sifflement, d’essoufflement et de toux, particulièrement la nuit et au petit matin. Ces symptômes sont généralement associés à une obstruction diffuse mais variable des voies aériennes, qui est au moins partiellement réversible soit spontanément, soit sous traitement. » Les mécanismes allergiques sont impliqués dans environ 80% des cas d’asthme chez les enfants et dans plus ou moins 40 à 50% des formes adultes. Les anciens termes « extrinsèque », « intrinsèque », « exogène » et « endogène » ne devraient plus être utilisés pour distinguer les différents types d’asthme :

Les patients associent spontanément les symptômes cutanés à l’allergie alimentaire, tandis que les symptômes respiratoires, particulièrement l’asthme, le sont rarement. Les médecins doivent suspecter une allergie alimentaire lorsque l’asthme apparaît chez un adolescent, quand il est associé à une dermatite atopique avec des taux d’Ig E totaux élevés, et qu’il ne répond pas au traitement. Les symptômes respiratoires peuvent aussi être causés par inhalation d’allergènes alimentaires, particulièrement après exposition industrielle. L’asthme des boulangers résultant de l’inhalation de farine (froment, alpha-amylase), l’asthme des cuisiniers aux émanations de vapeurs de cuisine (légumineuses, poisson)… en sont des illustrations (= asthme professionnel).

Les symptômes digestifs

Il s’agit des nausées, vomissements, diarrhées, constipation et douleurs abdominales. Ce sont les plus classiques. Certains enfants allergiques peuvent présenter un dégoût pour un aliment avec refus de la prise de cet aliment ! Cela peut correspondre à une authentique allergie alimentaire.

Bidat et Loigerot signalent que « la forme digestive chronique peut conduire à un tableau de malabsorption avec cassure de la courbe de poids, anorexie, météorisme abdominal et dénutrition. La colite induite par l’ingestion d’un aliment est bien documentée au cours de l’allergie aux protéines du lait de vache. »

Les symptômes généralisés

L’anaphylaxie se présente comme une réaction sévère (parfois vitale !) et généralisée pouvant associer des symptômes cutanés, respiratoires, cardio-vasculaires et gastro-intestinaux.

L’expression « anaphylaxie allergique » devrait être utilisée quand un mécanisme immunologique peut être démontré. Toutes les autres situations, qui sont beaucoup moins courantes, devraient se retrouver sous la dénomination « anaphylaxie non allergique ».

C’est une réaction redoutable survenant la plupart du temps 1 à 30 minutes après l’exposition à l’aliment (la moyenne est de 30 minutes, mais dans les cas extrêmement sévères, le choc survient en quelques minutes) . Néanmoins, le délai de survenue peut atteindre 2 heures après le repas. L’anaphylaxie peut être la première manifestation de l’allergie alimentaire ou se développer chez des sujets ayant une histoire clinique d’allergie.

Attention !!! D’après Bidat et Loigerot, « l’anaphylaxie n’est pas un choc anaphylactique. Les Anglo-Saxons utilisent le terme d’anaphylaxie s’il existe des signes cutanés, comme une urticaire, associés à un signe respiratoire, ou un signe digestif, ou un signe cardiovasculaire. »

Bidat et Loigerot disent que « tous les signes de l’allergie peuvent s’associer dans le choc anaphylactique : crise d’asthme, urticaire généralisée, œdème de Quincke, rhinite, conjonctivite, vomissements ; mais la gravité du choc est due avant tout à une défaillance cardiaque, la pouls s’accélère, la tension chute. »

« Le vrai choc anaphylactique est exceptionnel et ce terme ne devrait être employé que pour les états de défaillance sévère avec chute importante de la tension artérielle. »

Le terme « anaphylactoïde » (utilisé pour parler des manifestations identiques à celles de l’allergie sans qu’il existe de cause allergique) ne devrait plus être utilisé (Codex Alimentarius – FAO/OMS).

Il existe une situation particulière : l’anaphylaxie induite par l’exercice. Dans ce cas, la prise de l’aliment incriminé n’induit la réaction anaphylactique que si elle est suivie d’un effort physique dans les 2 à 4 heures suivant l’ingestion. Ce type d’anaphylaxie est caractérisé par un afflux sanguin (flush), principalement au visage, ou une urticaire associés à des symptômes respiratoires et/ou gastro-intestinaux, qui peuvent parfois précéder une faillite cardio-vasculaire. Cette affection est rarement observée : les allergies aux poissons, aux crustacés, au céleri et au froment ont été impliquées. Elle se passe 2 fois plus souvent chez la femme que chez l’homme (sexe ratio 2:1) et plus de 60% des cas ont lieu chez des personnes de moins de 30 ans.

En France, 110 cas d’anaphylaxie sévère ont été déclarés par le Réseau d’Allergo-Vigilance entre 2002 et 2005.

Le syndrome oral (oral allergy syndrome – OAS)

Le syndrome oral (de Lessof) est dû au contact des allergènes alimentaires (essentiellement d’origine végétale) sur la muqueuse buccale provoquant prurit et œdème des lèvres, … et éventuellement une dysphagie . Le patient ressent un picotement vélo-palatin. On le définit comme un ensemble de symptômes provoqués par exposition de la muqueuse oro-pharyngée à des allergènes alimentaires.

Tous les aliments peuvent provoquer ce syndrome, cependant, les fruits et légumes frais sont les plus couramment impliqués. Il peut aussi être associé à une pollinose, et plus particulièrement à l’allergie au pollen de bouleau ou d’armoise.

Les symptômes buccaux apparaissent quelques minutes après avoir consommé l’aliment responsable. Dans certains cas, d’autres organes que la bouche peuvent être atteints et ceci, 30 à 60 minutes après ingestion de l’allergène. Ceci suggère que le syndrome oral peut être défini comme un syndrome variable dans lequel des symptômes oraux immédiats peuvent être associés à des manifestations retardées dans d’autres organes.

Les aliments causant le plus fréquemment un syndrome oral sont : la pomme, les noix, la pêche, le fenouil, la cerise et le céleri. Ce syndrome peut également être provoqué occasionnellement par certains produits d’origine animale tels que le lait, les œufs et le poisson. Certains patients présentent des symptômes à plus d’un aliment, et un aliment peut provoquer différents symptômes. Bien plus, certains individus ne développent des symptômes qu’au contact d’aliments frais tandis qu’ils tolèrent ces mêmes aliments lorsqu’ils sont cuits !

Le syndrome oral est fréquemment associé à une allergie respiratoire au pollen des graminées, du bouleau ou de l’armoise.

Les symptômes tendent à être fréquemment plus sévères pendant et après la saison pollinique.

Signes non reconnus de l’allergie alimentaire

Exemples : migraines, troubles psychologiques, neuropathies, syndrome d’hyperkinésie, syndrome de fatigue chronique, dysurie, arthrite, maladies vasculaires auto-immunes…

Les céphalées :

Le déclenchement par certains aliments de crises migraineuses est fréquemment allégué par les patients. Les mécanismes qui sous-tendent ce phénomène sont inconnus. Les aliments les plus souvent incriminés dans le déclenchement de migraines sont riches en amines biogènes ou histaminolibérateurs : vin, chocolat, œuf, charcuterie, fromage…

Remarque : le glutamate de sodium peut induire des migraines probablement par un effet vasospastique direct sur le tonus artériel. La tyramine est un agoniste du glutamate. L’association de tyramine et de glutamate de sodium augmente la fréquence et l’intensité des migraines.

Le syndrome des enfants hyperréactifs :

Celui-ci a bénéficié d’une large médiatisation malgré le manque d’études cliniques et scientifiques confortant l’hypothèse d’une relation de ces troubles caractériels avec une intolérance aux additifs.

Les symptômes neurovégétatifs :

Il n’est pas possible de passer sous silence de nombreux symptômes neurovégétatifs (neurosensoriels en particulier) qui font suspecter par le patient une origine alimentaire. Il s’agit en fait, comme on pourra l’affirmer après en avoir fait l’analyse et le bilan, de névroses alimentaires, et l’on doit les considérer comme un diagnostic différentiel qui tend peut-être à augmenter de fréquence avec la médiatisation des allergies alimentaires et des fausses allergies alimentaires.

Le choc histaminique :

Celui-ci est rare, fruste et d’apparition plus tardive que le choc anaphylactique. Il survient en règle générale 2 à 3 heures après le repas. Le sujet accuse une sensation de chaleur avec érythème généralisé, nausées, vomissements ou diarrhée. Une chute tensionnelle modérée et transitoire est parfois observée. Sa relative bénignité le différencie du choc anaphylactique de l’allergie alimentaire. Il est souvent rapporté à l’ingestion d’aliments particulièrement riches en histamine.

   
© ciriha

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